La gestion de l’argent liquide est souvent une question compliquée à Madagascar: en effet, lorsqu’on part en voyage, on ne sait jamais si on trouvera un distributeur, ni si nos cartes ou nos chèques seront acceptés. Et dans le doute, il faut donc partir avec des liasses de billets (d’autant que le plus gros billet vaut 4 CHF)! Et en l’occurrence, on a bien fait, car notre hôtel n’accepte que l’argent liquide.
On répartit donc soigneusement notre réserve d’argent entre différents endroits, et notamment des pochettes cachées sous les habits. Sauf que ce matin, en me mettant de la crème solaire autour du cou, j’ai enlevé ma pochette et l’ai posée sur mes genoux. J’étais dans la voiture, aucun risque.
En chemin, je descends de la voiture pour acheter des avocats; puis on repart. Et… 3 minutes plus tard, je réalise que je n’ai plus la pochette! Je vérifie bien partout, j’avertis notre guide-chauffeur, nous faisons demi-tour. Le trajet semble interminable.
Nous finissons par arriver aux stands d’avocats. Notre guide descend (moi aussi) et parle aux vendeuses en malagasy. J’attends fébrilement. J’entends les vendeuses crier à plusieurs reprises en direction du village tout proche; je devine que quelque chose est en cours. Mon guide me confirme que ma pochette a été trouvée. Je dis que si tout l’argent est récupéré, je donnerai une récompense.
On attend encore un petit moment, il y a plusieurs échanges de cris entre les stands et le village. Je crois deviner un mot qui ressemble à « kadou », que j’interprète (à raison) comme « kadoa » (cadeau en malagasy). Mon guide me dit que les villageois ont probablement peur de ramener la pochette, et qu’il faut en effet les rassurer. On attend encore un peu. Je devine qu’il s’agit probablement de rassembler l’argent qui a déjà été réparti dans toutes les directions (et c’est bien le cas).
Finalement, la jeune fille qui a trouvé la pochette arrive, je la reconnais (la pochette) et lui suis reconnaissant (à la fille), et je vérifie son contenu (sans commentaire). Les billets sont tout froissés, mais il n’en manque qu’un seul, ouf! Je remercie encore, et je laisse comme promis une petite récompense pour la découvreuse. Tout est bien qui finit bien!
Alors, ai-je fait tomber la pochette en descendant pour acheter les avocats, ou quelqu’un a-t-il profité qu’il n’y avait personne pour la subtiliser? Je ne saurai jamais. Mais on m’a dit que cette jeune fille a trouvé la pochette par terre, et cela a l’air tout à fait crédible; je penche donc pour la 1ère option.
Autre élément intéressant: l’argent avait été tout de suite partagé à l’intérieur du village, et n’a pas été gardé pour une seule personne ou famille – et cela correspond bien à ce que j’ai perçu de la culture malagasy. Mais d’après notre guide, c’est une chance que la pochette ait été trouvée par une enfant, car certains adultes auraient essayé de garder leur découverte secrète…
Et enfin, il est heureux que nous ayons pu revenir dans les minutes qui ont suivi, vu la rapidité à laquelle tout s’est déroulé!