juillet 10, 2025

Nouvelles des bibliothèques mobiles

"Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous avez envie d'entendre, ce que vous croyez entendre, ce que vous entendez, ce que vous avez envie de comprendre, ce que vous croyez comprendre, ce que vous comprenez, il y a dix possibilités qu'on ait des difficultés à communiquer. Mais essayons quand même."

Vous connaissez peut-être cette citation de Bernard Werber. Personnellement, je l’aime beaucoup, car elle résume bien les multiples difficultés de communication, qui sont encore augmentées lorsque la langue maternelle des personnes n’est pas la même, ce qui est le cas à Madagascar.

L’idée des bibliothèques mobiles a germé dans ma tête, j’ai essayé de la mettre en œuvre et de transmettre ce concept en proposant une formation pour accompagner les enseignants dans la mise en oeuvre. J’ai donc conçu un dossier de formation (papier), qui a été discuté en équipe avec les formateurs.trices. Nous avons longuement parlé et proposé des modifications pour que ce soit plus clair, plus facile d’accès. Ce n’est pas facile de traduire ses idées en activités de formation pertinentes, adaptées au contexte. Pas facile non plus que ce qui est écrit soit compris par les formateurs.trices, puis par les enseignantes.

Pour la formation bibliothèque au mois de juillet, j’ai donné la formation dans une des régions, mais cette même formation a été donnée par d’autres formatrices dans les 2 autres régions. Comment la formation s’est-elle passée? Comment les enseignant.e.s ont-ils réagi? Qu’est-ce qui a été vraiment dit par les formatrices? Sur quels points ont-elles insisté? Mystères.

De leur côté, les enseignant.e.s ont reçu cette formation au mois de juillet, mais qu’ont-ils retenu de ce moment et comment peuvent-ils le mettre en place dans leurs classes depuis la rentrée?

J’ai pu descendre sur le terrain la semaine dernière, dans la région du Centre, où je n’ai pas donné la formation. J’ai donc pu voir comment les enseignant.e.s utilisaient les bibliothèques mobiles. Dans l’ensemble, j’ai été très contente, car toutes les classes visitées avaient déjà utilisé au moins une fois la bibliothèque mobile. Et les élèves étaient très motivés par la lecture. J’ai découvert une grande diversité de pratiques, qui reflètent d’ailleurs beaucoup le style d’enseignement. Et j’ai été rassurée, car même si j’ai observé des scènes cocasses, ce n’était pas dans toutes les classes, donc dans l’ensemble, la formation a porté des fruits.

Voilà quelques petites pépites observées dans les classes:

Dans une classe, les élèves n’avaient pas le droit de poser le livre à plat sur leur table. L’enseignante les obligeait à garder les livres en main sans trop les ouvrir. Certains élèves n’arrivaient même pas à lire tellement ils avaient peur de trop ouvrir. En y réfléchissant, dans la formation, j’avais écrit que « il ne fallait pas ouvrir les livres plus qu’à plat pour ne pas les abîmer ». La demande était à peine déformée 😉

Dans une autre classe, les élèves se sont précipités pour choisir un livre. J’ai eu un peu peur, mais tous les livres sont restés entiers. Par contre, un élève est retourné à sa place bredouille, il n’y avait plus de livre. En effet, l’effectif a beaucoup augmenté dans cette école et il manquait 2 livres. L’enseignante n’a rien remarqué et l’élève ne savait que faire. Mon collègue (qui observait aussi la leçon) s’est approché de lui et a demandé à sa voisine de partager le livre, ce qu’ils ont fait. Pendant ce temps, une autre élève, qui dormait, s’est réveillée et l’enseignante a demandé au voisin de partager le livre.

Au début de la leçon bibliothèque, il est recommandé que les élèves aient les mains propres et surtout sèches. Après le lavage, on voit ainsi les élèves, mains en l’air qui secouent leurs mains pour tenter de les sécher au plus vite. C’est presque un spectacle de marionnettes.

Dans une classe de petits, une élève tenait son livre à l’envers. Je comprends que ce soit le cas si elle ne sait pas lire, mais elle regardait même attentivement les images, toujours à l’envers…