juillet 10, 2025

Descente à Vavatenina

Je suis actuellement dans l’Est pour une mission avec les formateurs, notamment pour évaluer l’impact des bibliothèques sur le niveau de lecture des élèves. Pour ce faire, nous faisons passer un test de lecture à des élèves de 6ème (collège) qui n’ont pas eu eu de bibliothèques et le même test aux élèves de 7ème (dernière année de primaire) qui ont utilisé les bibliothèques toute l’année scolaire.

Nous passons donc dans les 3 écoles de la région Est, un jour par école. C’est fatiguant, car le lundi, il y a le voyage depuis Tana (départ 5h30, arrivée 22h), puis pour chaque école, il y a plusieurs heures de déplacement dans chaque sens.

Ce matin, départ à 5h de l’hôtel, car nous allons à Vavatenina. Cette école se trouve à environ 50km de Fenerive Est où se trouve notre hôtel. Nous savons que la route va être compliquée, elle a été coupée plusieurs fois au cours des dernières semaines, en raison des pluies importantes. On part donc tôt pour espérer être vers 8h à l’école.

Le début de la route se passe sans problème, même s’il n’est pas toujours évident d’imaginer que la route a été un jour goudronnée. Par endroit, il ne reste plus rien, des flaques de boues, alors qu’à d’autres, la route est relativement préservée. Souvent, on doit slalomer entre les trous et cela fait les montagnes russes.

A 6h45, nous avons déjà roulé 1 heure 45, deux camions sont arrêtés. Le chauffeur arrête le moteur et va voir. Un troisième camion est embourbé dans une marre de boue. Plusieurs gaillards sont en train de pelleter autour du camion. De nombreux badauds regardent. A côté du camion, il y a la place pour passer, mais ça a l’air encore plus boueux. Et c’est serré.

Moments d’hésitations… que faire? Passera – passera pas? Le chauffeur enclenche le 4×4 et nous nous lançons dans le passage compliqué. Le début passe, mais soudain, plus moyen d’avancer, ni de reculer. Le 4×4 est penché d’environ 30 degré sur la gauche, le chauffeur ne peut pas sortir, car le talus est proche. Les badauds continuent de regarder, sans bouger. Un monsieur s’approche et dit quelque chose à notre chauffeur. Je comprends que c’est une négociation, combien on est prêt à payer pour qu’ils nous aident à sortir de ce trou.

On n’a pas vraiment le choix, car on n’a pas vraiment envie de sortir au milieux de la boue. Et pas sur qu’on sache s’y prendre pour dégager le 4×4. Après quelques hésitations, un prix est proposé. A ce moment, une dizaine de gaillards se lèvent et commencent à dégager la boue, à mains nues et avec des angady, les pelles malagasy. Ils sont tout autour de la voiture. Puis, ils donnent le signal pour tenter de sortir et c’est bon. Il n’a pas fallu plus de 5 minutes pour nous sortir de ce mauvais pas. On voit que c’est des pros… et qu’il doit y avoir des voitures tous les jours qui sont coincées comme nous!

Plus loin, c’est le passage d’un pont, qui est abîmé. L’accès se fait sur des troncs d’arbres fixés de manière ingénieuse, mais précaire. Un homme nous guide pour qu’on passe au bon endroit. A cet endroit, aucun camion ne passe plus, les troncs ne supporterait pas le poids. Seules les voitures peuvent passer. Les camions qui arrivent ici sont déchargés et transporté à pied jusqu’au camion de l’autre coté du pont.

Enfin, vers 8:10 nous arrivons à destination à Vavatenina. Nous prenons rapidement notre petit déj avant de rejoindre l’école. Pour une fois, je comprends l’empressement des formateurs pour ne pas rentrer trop tard. Ainsi, à 11:30, toutes les classes ont pu être visitée. On fait encore la séance avec les enseignants puis on va manger. A 14:30, nous sommes de nouveau sur la route pour le retour.

Au loin, il y a de gros nuages. Nous espérons que la pluie attendra notre passage, car je ne suis pas sûr que le passage passe en cas de fortes pluies… Après 30 minutes, nous repassons le pont, sans problème. Mais 15 minutes plus tard, nous nous retrouvons derrière un taxi-brousse qui est bloqué au milieu de la route.

Notre chauffeur n’a pas peur et pense réussir à passer à gauche, malgré l’espace restreint. Mais c’est un mauvais choix, la voiture glisse dans la boue et nous nous retrouvons presque en dehors de la route. Heureusement, il y a des arbres et la voiture ne peut pas tomber. Nous sortons de la voiture et réfléchissons aux solutions. Là encore, des personnes nous prêtent main forte pour nous sortir de ce mauvais pas, non sans mal!

Nous ne sommes pas encore au bout de nos peines. A l’endroit qui était compliqué à l’aller, nous avons de nouveau besoin d’un coup de main pour passer, mais comme c’est en descente, c’est plus rapide. Par contre, il a plu et les travailleurs que nous avions croisé le matin sont détrempés et couverts de boues, à peine reconnaissable. On leur glisse un petit billet au passage pour l’aide.

Enfin, un peu plus loin, un camion est tombé en panne et bloque presque toute la chaussée. Le chauffeur est prudent, il vérifie bien le terrain, est-ce qu’il n’y a pas de risque de tomber sur le côté? Est-ce que c’est suffisamment stable? Est-ce qu’il y a la place. Finalement, il arrive à passer délicatement à coté, mais il n’aurait pas fallu que la voiture soit plus large.

Enfin, vers 17h30, nous sommes de retour à Fénérive-Est. Curieusement, même si la route était vraiment difficile, je n’ai pas eu peur de ne pas arriver, j’étais dans la logique « mora mora », tout ira bien et on arrivera à bon port. Mais je m’imagine que beaucoup de personnes n’auraient pas été aussi zen!