juillet 10, 2025

Comment être utile en se rendant inutile?

Le titre de ce post peut surprendre, mais c’est l’état d’esprit qui m’anime actuellement. Je m’explique.

Au cours de cette première année dans le programme du DM, je me suis investie à fond pour essayer de faire avancer les choses, que les activités se déroulent le mieux possible, proposer des outils de collaboration et de pilotage du projet. Et dans l’ensemble, on a réussi à faire de belles choses, dont je suis fière. Des formations pour les enseignants, des bibliothèques mobiles, des nouvelles salles de classe, et j’en passe. D’ailleurs, cette réussite est une oeuvre commune, et nos collègues ont beaucoup travaillé pour parvenir à ce résultat. Au niveau du fonctionnement, j’ai aussi l’impression que nous sommes plus efficaces, même s’il y a encore des points à améliorer grandement, surtout au niveau de la communication..

Mais le revers de la médaille, c’est que nos collègues n’arrêtent pas de répéter: « Comment on va faire l’après Bartholdi? » « Vous voulez pas rester plus longtemps? »

Hier, lors de notre séance hebdomadaire, nous avons accueilli une future nouvelle recrue et en me présentant, j’ai dit que nous étions là depuis un an et que notre contrat se terminait en juin 2024. J’ai surpris les grimaces sur les visages de nos collègues. Nous avons aussi constaté que durant notre absence au mois d’août, les choses ont tourné au ralenti, certaines ne se sont pas faites. Et qu’elles se sont remises en route à notre retour.

Nos collègues sont conscients de l’aide qu’on leur apporte au quotidien, mais pour l’instant, je n’ai pas l’impression qu’ils sont conscients de ce qu’ils doivent faire pour continuer à faire avancer le programme sans nous. Alors que c’est un élément très important, le programme ne doit pas dépendre des envoyés vazahas pour tourner. Nous sommes là pour les soutenir pendant un temps défini, mais ils doivent ensuite voler de leurs propres ailes.

Donc le défi qui m’anime actuellement, c’est comment me rendre inutile. Mais ça ne se fait pas du jour au lendemain, c’est progressif, et cela ne veut pas dire que je ne dois plus rien faire. C’est un subtil art d’accompagner discrètement. Par exemple, j’ai arrêté de faire des ordres du jour pour nos séances, car en mon absence, il n’y en a pas. J’imagine que ce n’est pas un besoin pour eux. Par contre, je constate qu’ils ont du mal à piloter le programme, à avoir une vision globale de tout ce qu’il y a à traiter. Du coup, j’essaie de trouver des alternatives pour renforcer ce pilotage, mais autrement. On va notamment bientôt commencer la planification 2024, et j’espère leur proposer des outils plus faciles à utiliser, qui permettent d’avancer sereinement.

Malgré toute la bonne volonté, il y a toujours une bonne dose d’imprévisibilité, des changements de dernière minute, des urgences. Par exemple, lors de notre séance hier, nous devions commencer à 8h30, nous étions deux, Nicolas et moi. Un collègue est arrivé peu après, et le coordinateur nous a appelé pour dire qu’il était retenu dans son école, qu’il aurait une heure de retard. Un deuxième collègue est arrivé un peu plus tard, il était pris dans les embouteillages, et on a commencé la séance par les points qui pouvaient déjà être traités. Ensuite, on a été interrompu par une future formatrice, qui venait porter son CV et qu’on a profité de rencontrer. Le coordinateur est enfin arrivé, mais au bout de 20 minutes, on a été mis dehors de notre salle pour une réunion urgente, à laquelle le coordinateur devait assister. On a finalement fini la séance sans le coordinateur, dans une salle voisine, avec la crainte de se faire à nouveau mettre à la porte. On a avancé, mais pas dans les meilleures conditions.