Aujourd’hui, 29 mars, est un jour férié ici à Madagascar. C’est la célébration des « événements de 1947 ». Mais quels sont ces événements? En fait, c’est le début d’une révolte des malgaches contre la colonisation française. Cette révolte sera sanglante avec de nombreux morts, et la France réprimera violemment ce soulèvement. Même si on fête un jour, cet événement a duré presque une année et de nombreux civils sont morts, pas seulement dans les combats, mais aussi à cause de la faim qu’a engendré le conflit. Ce n’est que treize ans plus tard, en 1960, que Madagascar deviendra indépendante.
Les enfants ont donc eu congé aujourd’hui, et hier, ils ont eu quelques informations sur cet événement à l’école. Diane nous a dit: « Avant, je n’avais rien contre les français, mais maintenant, je suis contente d’être Suisse ». Nous avons eu l’occasion de discuter de cela et de leur faire prendre conscience de la chance qu’ils ont, que nous avons, d’être né dans un pays en paix, la Suisse, et qui n’a pas participé activement à la colonisation. Je ne dis pas que la Suisse a toujours fait tout juste, il y a des zones d’ombre, mais en tant que nation, elle a plutôt tenté de participer à la construction de la paix au niveau mondial avec différentes organisations internationales qui y sont actives.
Cette discussion nous a amené à parler de la migration et du racisme. Nous avons choisi d’émigrer, de manière temporaire, à Madagascar. C’est un choix et nous savons que nous pouvons rentrer en Suisse quand nous le souhaitons. Tout le monde n’a pas ce privilège, notamment parmi les migrants, qui souvent n’ont pas de possibilité de retour.
Ici, nous sommes des vazaha (des blancs) et souvent dans la rue, nous sommes traités différemment, les gens nous saluent: « Bonjour monsieur, bonjour madame ». Est-ce du racisme? Pas vraiment, car le racisme, c’est être traité moins bien à cause de la couleur de notre peau. Alors que dans notre cas, nous sommes mieux traités, nous avons des privilèges parce que nous sommes blancs.
Mais on pourrait aussi avoir des personnes hostiles envers nous, pensant qu’on est des colonisateurs ou simplement parce que des blancs, par le passé, on eu un comportement inapproprié ici à Madagascar. Pour l’instant, le cas ne s’est pas produit et nous avons toujours été chaleureusement accueilli. Il faut dire que nous veillons aussi à être respectueux, à répondre aux gens qui nous adressent la parole, à essayer de dire quelques mots en malagasy, notamment Salama (bonjour), Veloma (au revoir) ou Misaotra (merci).